Le syndrome de l’imposteur est un mal de plus en plus répandu et qui impacte énormément les thérapeutes et les praticiens dans le domaine de la relation à l’autre, du coaching et de la santé.

Quand on est thérapeute holistique, on a une grande part de responsabilité dans l’accompagnement et l’évolution des personnes qui viennent nous trouver. Ce à quoi s’ajoute l’appréhension, le stress et la peur de ne pas y arriver ou de commettre une faute dans la pratique thérapeutique ou de ne pas savoir aider l’autre.

C’est ce que l’on nomme le syndrome de l’imposteur ou le syndrome de l’illégitimité.

Voyons ensemble comment soigner ce mal-être.

Le syndrome de l’imposteur : comment le guérir ?

Bien que l’on puisse être dans le domaine du développement personnel, cela n’exclut en rien le fait de pouvoir souffrir de ce mal-être durant différentes phases de notre vie.

En effet, le syndrome de l’imposteur fait son apparition quand on se juge à travers une situation en comparaison avec l’extérieur ou nos propres attentes.

Le fait de se mettre constamment à la place de l’autre enclenche en soi un degré d’attente et de perfectionnisme énormes. On devient alors d’avantage intransigeant et on omet la bienveillance et la compassion envers soi-même.

Bien comprendre les limites de son rôle en tant que thérapeute

« L’autre est autre ». Cette simple phrase a pour but de faire dédramatiser les personnes souffrantes de ce syndrome de l’imposteur. Vous n’aurez jamais la maitrise ou le contrôle sur la vie de l’autre.

En tant que thérapeute votre rôle est de pouvoir prodiguer à votre patient une écoute bienveillante, des conseils pertinents et une mise en application de votre domaine d’expertise pour l’aider dans son cheminement et son évolution. Vous n’êtes en rien l’élément central de sa guérison ou de son mal-être.

Le but du thérapeute est avant tout d’instaurer une relation de confiance « thérapeute-patient ». Cette relation renvoie à une responsabilité mutuelle à faire sa part de travail dans l’élaboration du plan de réalisation, d’évolution ou de guérison du patient. C’est pourquoi le rôle du thérapeute se limite à l’obligation de mettre œuvre les moyens pertinents pour permettre l’atteinte de l’objectif du patient. Ce n’est en aucun cas une obligation de résultat.

Le patient a l’obligation de se donner les moyens de mettre en place les conseils donnés par le thérapeute et de formuler tout ce qu’il rencontre comme difficultés, afin que ce dernier puisse faire évoluer ou bien définir le plan d’action à mettre en place au rythme de la progression dudit patient.

Ainsi, le thérapeute ne peut transformer l’autre (son client ou son patient). Il est là pour lui permettre d’atteindre des déclics intérieurs, des prises de conscience afin de rompre avec certains schémas toxiques et croyances limitantes.

Le rôle du thérapeute se limite dont à son champ d’exercices est d’expertise. En cela, il est important de ne pas confondre son rôle d’accompagnant avec celui du « sauveur ». De surcroit, il est essentiel pour le praticien holistique de bien définir ses offres et son public cible pour ne pas se sentir illégitime dans son champ d’action.

Ne pas vivre pour son métier, mais vivre de son métier

Une autre notion importante, pour soigner le syndrome de l’imposteur, est de dépasser la croyance sur son rôle et ce que l’on nomme « sa mission » de vie.

Beaucoup de personnes sur Terre cherchent à évoluer en fonction d’une image qu’elles pensent « devoir incarner » pour exister légitimement. Alors, que bien heureusement, il n’y a pas à faire quelque chose de particulier pour être légitime d’exister ou d’exercer son activité.

La reconnaissance sociale est un facteur de société et non un facteur d’existence. Si l’on exerce dans un domaine d’activité, c’est que l’on a un besoin d’apprendre de soi et de l’autre à travers cette rencontre professionnelle.

Nous avons tous des aspirations et des vécus différents qui font notre richesse en tant que personne et en tant que thérapeute. C’est cette différence qui nous caractérise tous  et qui est le terreau fertile de nos aptitudes et de notre capacité à comprendre l’autre.

Les thérapeutes sont là pour permettre dans le meilleur sens qui soit, l’évolution et les prises de conscience de leur patient afin de leur permettre d’être autonomes, et ce, sans système de dépendance affective. L’expression de joie à pouvoir exercer et partager ses connaissances à la hauteur de sa compréhension de l’autre se trouve être la quête à incarner pour être dans la légitimité d’exister.

Lâcher la notion de mérite et de devoir.

Pour se libérer des entraves du syndrome de l’imposteur, il est vital de ne pas confondre le résultat avec la récompense.

Qu’est-ce que cela signifie ?

Chaque action amène à un résultat et non à une récompense. Seulement, notre sensation du « devoir » et nos croyances sociétales nos amènent à confondre le résultat avec la notion de mérite. Par exemple, nous pensons souvent à tort qu’en « faisant une action particulière », nous devenons « légitime et digne » d’un résultat particulier qui se « doit être » en adéquation avec nos attentes personnelles. Rien n’est plus faux que cela.

Dans la vie rien n’est dû et rien n’est acquis. Cette croyance repose beaucoup sur des principes moraux et judéo-chrétiens. La vision du karma et du mauvais karma est vécue de manière binaire. Elle fait place à la croyance qu’il faut « être pour avoir ».

C’est aussi le mode de système de récompense de notre civilisation et non du monde naturel. Bien qu’il soit vrai que pour avoir un résultat, nous devons produire une action ; cela ne signifie pas que cette finalité sera à l’image exacte de nos espérances.

C’est pourquoi il est important de ne pas projeter des attentes de résultat – qui ne dépendent pas de notre volonté ou de notre contrôle – mais d’être dans l’accueil et la réceptivité des potentiels à advenir, par exemple l’évolution des patients.

Chaque être humain est riche de ses différentes facettes et chacun d’entre nous possède les moyens de faire tomber les masques nécessaires ou d’en créer des nouveaux. Pour pouvoir choisir notre état d’être il est important d’avoir une pleine conscience de ce qui nous compose afin de pouvoir nous transformer. C’est en cela que le rôle du thérapeute est important.

C’est pourquoi le thérapeute n’a pas de mérite dans la transformation de son patient, mais il peut éprouver une véritable satisfaction à le voir évoluer dans son cheminement personnel.

Toutefois, bien qu’il ne puisse avoir la capacité de métamorphoser par sa seule volonté son patient, le thérapeute peut enclencher un processus de conscientisation pour l’amener à davantage de paix et de responsabilité dans la réalisation de sa vie.

Comprendre qu’il n’y a pas de mal à être soi : relation patient-thérapeute

Tous les êtres vivants sont différents. Nous avons tous une sensibilité, un vocabulaire et des croyances qui nous sont propres.

Lorsqu’un patient vient trouver un thérapeute, il vient se rencontrer lui-même avant tout. Le patient recherche une mise en lumière, une vision éclairée de l’extérieure qui puisse lui permettre de se comprendre, de se connaître pour être plus conscient et plus autonome. C’est pourquoi la relation de confiance thérapeute-patient est très importante.

Les confidences, la vulnérabilité et les mots qui sont échangés lors d’une séance sont intimes, confidentiels. Le respect mutuel doit être établi pour que les sentiments d’humanité et de compassion puissent prodiguer un véritable résultat dans l’axe des objectifs du patient.

Bien que les thérapeutes puissent se reconnaître dans le vécu et les émotions de leurs patients, il est important de ne pas se confondre avec leur réalité. Ce qui aurait pour effet d’endosser le rôle du sauveur à tout prix pour éviter à l’autre les mêmes expériences ou souffrances que nous.

Notre passé en tant que praticien doit nous permettre de comprendre l’émotion psychique, émotionnelle et physique que connaître notre patient.

Toutefois, nous n’avons pas pour vocation de lui empêcher de vivre ou d’expérimenter ses propres choix, mais de lui permettre d’en tirer des conclusions favorables à son évolution.

Néanmoins, il est vrai que les cursus de formation sont tous identiques dans leurs trames. Ce qui fait la différence entre les thérapeutes est justement « les thérapeutes eux-mêmes ». Personne n’est mieux ou moins bien. Les axes de réflexions, au-delà du champ d’expertise de chacun ; sont propre à notre sensibilité, à notre histoire et à notre compréhension du monde. Chaque thérapeute permet d’aborder un sujet sous différents angles.

C’est pourquoi un patient qui travaillera une thématique avec plusieurs thérapeutes se verra enrichir spirituellement, émotionnellement et psychiquement de leur vision et de leur expérience.

Bien sûr, la vérité absolue n’existant pas, le patient sera toujours libre d’établir sa propre vérité sur qui il est afin de répondre à ses propres besoins. Il n’est donc pas de la responsabilité du thérapeute de transformer son patient à l’image de son propre vécu ou croyances sur la vie elle-même.

Pour conclure sur le syndrome de l’imposteur

Le syndrome de l’imposteur nait de croyances et de blessures émotionnelles. Pour s’en détacher, il est important de comprendre ses propres mécanismes en allant suivre les conseils d’un confrère ou en faisant objectivement le point sur les schémas hérités (par notre famille, la religion ou la société).

Le rôle du thérapeute est d’être dans une notion de service à l’autre et non de sacrificiel. Ce service doit être défini par le thérapeute lui-même : la cible de son public et la dynamique de ses offres. Pour se libérer du syndrome de l’imposteur, le thérapeute doit se déresponsabiliser du bien-être de son patient. Il est là pour permettre un éclairage dans son évolution personnelle et dans un soutien pour aller dans le dépassement de maux et de problématiques personnelles. Mais, il appartient au patient d’être acteur et responsable de sa guérison et de sa transformation. C’est en cela que le rôle du thérapeute est important.

Apprendre le détachement émotionnel et le lâcher prise sont deux notions qui permettent d’être un « bon » thérapeute. Puisqu’il cette prise de recul permet de ne pas confondre son vécu avec celui des personnes qui viennent nous trouver.